Récemment, deux organisations avec lesquelles je travaille, ont été victimes d’un vol de données chez un sous-traitant avec lequel ils collaboraient. Des hackers ont réussi à accéder à ces informations et les ont diffusées sur le Dark Web, exposant ainsi les données de nombreux clients. En réaction à cet incident, les organisations concernées ont rapidement pris des mesures en envoyant un mail personnalisé à chaque client concerné pour les informer de la situation. Par ailleurs, une déclaration officielle a été effectuée auprès de l’Autorité de protection des données, conformément aux exigences du RGPD.

Ils ont également ouvert un dossier de sinistre auprès de leur assureur « cyberrisques ».

Cet incident souligne l’importance cruciale d’établir une relation contractuelle solide avec les sous-traitants. Une telle relation permet de clarifier les responsabilités et de garantir la protection des données. Il est impératif que, dans la gestion de vos dossiers, en particulier dans des situations similaires, tous les contrats avec les sous-traitants soient centralisés, dûment signés et conformes aux exigences légales en matière de protection des données.

Il est également essentiel de s’assurer que toutes les données traitées par le sous-traitant soient supprimées à la fin de la collaboration. Cela garantit non seulement la sécurité des informations sensibles, mais aussi la conformité aux dispositions du RGPD, renforçant ainsi la protection des droits des clients et la réputation de l’entreprise.

Responsabilité, réactivité et encadrement strict pour la protection des données personnelles

Depuis l’entrée en vigueur du Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD), les entreprises sont confrontées à des exigences croissantes en matière de protection des données personnelles. Les articles 24, 29 et 33 du RGPD imposent des mesures strictes aux responsables de traitement et aux sous-traitants pour garantir la sécurité et la confidentialité des informations personnelles. Ces dispositions, bien que techniques, ont des répercussions concrètes sur la gestion des données au sein des organisations.

Article 24 : Une responsabilité accrue pour les entreprises

L’article 24 insiste sur la responsabilité des entreprises quant à la gestion des données personnelles. Il ne s’agit pas uniquement de respecter les règles, mais de pouvoir prouver cette conformité à tout moment. Chaque responsable du traitement doit mettre en œuvre des mesures techniques et organisationnelles adaptées aux données traitées et aux risques associés.

Ces mesures incluent des technologies comme le chiffrement ou la pseudonymisation, conçues pour minimiser les risques en cas d’incident. De plus, des politiques internes de gestion des données doivent être adoptées pour assurer un suivi rigoureux. La mise en œuvre de normes certifiées ou de codes de conduite approuvés peut aussi servir de preuve de conformité, ce qui oblige les entreprises à un contrôle constant de leurs pratiques.

Article 29 : Un encadrement strict des sous-traitants

L’article 29 du RGPD encadre les activités des sous-traitants, qui jouent un rôle clé dans le traitement des données. Cet article impose aux sous-traitants d’agir uniquement sur instruction du responsable du traitement. Cela signifie qu’ils ne peuvent traiter les données personnelles que dans le cadre strict des tâches définies par le responsable du traitement.

Les sous-traitants doivent également prendre des mesures appropriées pour protéger les données contre les accès non autorisés ou les violations. Leur rôle est crucial, car toute négligence de leur part pourrait exposer les entreprises et les personnes concernées à des risques élevés. En cas de non-respect de ces règles, les sous-traitants s’exposent également à des sanctions sévères prévues par le RGPD.

Article 33 : Une obligation de réactivité en cas de violation

L’article 33 impose aux entreprises de notifier toute violation de données à l’autorité de contrôle compétente, dans un délai de 72 heures après en avoir pris connaissance. Cette obligation de transparence vise à limiter les conséquences des fuites de données et à protéger les droits des personnes concernées.

La notification doit inclure des informations détaillées sur la violation, telles que la nature de l’incident, les données touchées, et les mesures prises pour y remédier. Dans les cas où les violations présentent un risque élevé pour les droits des personnes concernées, celles-ci doivent également être informées.

Les sous-traitants, conformément à l’article 29, sont également tenus d’informer immédiatement le responsable du traitement en cas de violation. Cette obligation renforce la chaîne de responsabilité entre les différents acteurs de la gestion des données.

Conséquences pour les entreprises

La combinaison des articles 24, 29 et 33 du RGPD traduit un renforcement global des exigences en matière de protection des données. D’une part, les entreprises doivent adopter une approche proactive en matière de gestion des données, en intégrant des dispositifs de sécurité robustes et en surveillant régulièrement leur conformité. D’autre part, les sous-traitants, souvent en première ligne, doivent se conformer strictement aux directives du responsable du traitement, sous peine de sanctions.

L’obligation de notification rapide des violations (article 33) impose une grande réactivité aux entreprises et sous-traitants en cas d’incident. Le non-respect de cette obligation peut entraîner des sanctions financières sévères.


En plus des sanctions financières, une mauvaise gestion des violations de données peut nuire gravement à la réputation des entreprises. À l’ère numérique, la confiance des consommateurs repose largement sur la capacité des organisations à protéger leurs données personnelles et à réagir de manière appropriée en cas de problème.

Une nouvelle ère de transparence et de sécurité

En instaurant une responsabilité partagée entre les responsables de traitement et les sous-traitants (articles 24 et 29), et en imposant des mesures strictes de notification en cas de violation (article 33), le RGPD pousse les entreprises à revoir en profondeur leurs pratiques de gestion des données. Ces mesures, plus qu’une simple obligation légale, sont devenues un enjeu stratégique incontournable pour garantir la confiance des parties prenantes et assurer la pérennité des entreprises dans un environnement où la protection des données est cruciale.

La protection des données n’est plus simplement un impératif réglementaire, mais un facteur clé de différenciation et de compétitivité pour les organisations dans un monde de plus en plus connecté.